correspondant agoravox

mardi 30 mai 2023

A LA DECOUVERTE DES PEINTRES NABIS AU MUSEE MAURICE DENIS DE SAINT GERMAIN EN LAYE.

 Intéressante découverte  que celle de la maison-musée du peintre nabi Maurice Denis, sous la houlette d'une  conférencière au top ! C'est l'expérience que nous avons vécue . A ce moment une exposition temporaire était consacrée à diverses representations de la Femme. C'est souvent sous cet angle que la visite s'est déroulée.   


             
                        UN LIEU ORIGINAL:

L'actuel musée départemental Maurice DENIS était la maison familiale du peintre nabi Maurice Denis. A l'origine le bâtiment était un hopital royal destiné à abriter les indigents, créé au XVIIe siècle par Louis XIV et Mme de Montespan. Après la Révolution il eut divers usages : il servit d' atelier photographique, de tannerie... Maurice Denis l'acquit en 1914, à l'âge de 44 ans, et l'appela "le Prieuré"; il y passa les 30 dernières années de sa vie avec sa famille. Il établit son atelier dans le jardin. Il  accueillit ici amis et élèves. En 1970, ses héritiers firent don du bâtiment au département, à condition qu'il serve de musée pour l'oeuvre de Maurice Denis. La donation comportait déjà 1500 oeuvres. Le musée a ouvert en 1980.

A droite, l'entrée du musée. A gauche, vers le jardin.

Vers l'entrée du musée.

Le jardin est étagé sur une colline, en contrebas du bâtiment. Une oeuvre de Maillol, qui faisait partie des artistes amis de Maurice Denis, orne l'endroit.

                                                                        Merci à Michèle Lebedel pour cette photo.
Aperçu du bâtiment depuis le jardin. 

MAURICE DENIS ET LES NABIS.
Maurice Denis né en 1870 à Granville, et mort accidentellement, renversé par un camion à Paris en 1943, est le théoricien des Nabis, un groupe de peintres influencés par Gauguin. Il était aussi décorateur de demeures et d'églises, illustrateur d'ouvrages, graveur, et historien de l'art. Il enseignera aussi à l'académie Ranson et formera de nombreux élèves.
En 1890, il épouse Marthe, qui fut son modèle avant d'être sa femme; le couple a eu 6 enfants. Marthe décède en 1919 à la suite d'une longue maladie. En 1922,il épouse en secondes noces Elisabeth, dont il aura deux enfants. Il ne cessera de prendre pour modèles ses épouses et de faire figurer sa famille dans ses oeuvres.

Autoportrait devant le Prieuré. 1921.

Les Nabis est un groupe de jeunes peintres symbolistes disciples de Gauguin, créé en 1888 par Sérusier et Maurice Denis, et qui éclatera ensuite vers 1903. "Nabi" signifie "prophète" en hébreu. Ils se veulent les prophètes d'un nouvel art. Outre Maurice Denis et Sérusier, Bonnard, Ker Xavier Roussel, Paul Emile Ranson , et plus tard Edouard Vuillard, ou encore Félix Valloton en font partie. Ils se donnent des surnoms: ainsi Maurice Denis est le "nabi aux belles icônes", Sérusier "le nabi à la barbe rutilante", Vuillard "le nabi zouave", Bonnard "le nabi japonard".
Ils sont à la fois en rupture avec la peinture classique et avec l'impressionnisme. Maurice Denis définit un tableau de la façon suivante: "un tableau est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ". A la suite de Gauguin, les Nabis rejettent la représentation "photographique" du réel : le but de la peinture n'est plus de donner l'illusion du réel, par l'emploi par exemple de la perspective. Ils osent représenter le réel à leur manière, en suivant leur instinct, comme conseillait Gauguin: formes simplifiées, aplats de couleurs, contours nets cernant les figures peintes,tout cela caractérise leur style. Ils admirent les estampes japonaises et sont pour une peinture décorative. Maurice Denis par exemple réalisera 60 décors muraux chez de riches particuliers, et il décorera aussi des églises...  Ils mènent aussi une recherche spirituelle et s 'intéressent aux philosophies orientales. Maurice Denis pour sa part fait preuve d'une grande religiosité, qui se traduira dans son oeuvre.

LA VISITE GUIDEE:

Coup d'oeil sur la maquette du bâtiment actuel. A l'origine la partie de gauche n'existait pas. L'ancien hopital royal comportait une chapelle (au centre) et un curieux escalier à double circuit. A l'époque, les hommes étaient regroupés au rez de chaussée et les femmes à l'étage.

LES OEUVRES.
Cette présentation n'est pas exhaustive par rapport à l'ensemble vu. 

Gauguin: La fille du patron. 1886.
il réalise un portrait de la fille du patron de l'auberge où il réside.Elle est peinte devant un décor de feuilles. Est-on dehors ou dedans? Mystère. Le foulard rouge est une référence à Van Gogh.Gauguin réduit la palette des couleurs. Cela donne un univers un peu irréel; on ne garde que l'essentiel.

Sérusier: la servante bretonne.1890. Réalisé à Pont Aven.

Le personnage triture ses mains, comme si elle en se sentait pas à sa place.Elle a un aspect hiératique, avec son visage allongé
Initié par Gauguin à une nouvelle manière de peindre, il en applique ici les principes: manque de profondeur du tableau (rejet de la perspective), simplification des formes, cerne autour du corps peint, peu de couleurs (rouge et noir dominants) ce qui donne une effet d'austérité, caractère décoratif du tableau.

Dans ce tableau, Maurice Denis prend son épouse Marthe comme modèle. Elle est environnée d'un décor de fleurs. Est-ce une femme dans son intérieur? Une vierge? A-t-il voulu représenter son épouse comme une fleur parmi les fleurs? Observons le jeu de miroir à droite. Le tableau est plus décoratif que réaliste.

Maurice Denis: Madame Ranson au chat.1892.
La silhouette est simplifiée, délimitée par un cerne noir - le peintre trace le contour, puis remplit.les couleurs se réduisent à 2 tons dominants. La perspective est réduite, il y a peu de profondeur. Il y a un aspect égyptisant. Remarquons la continuité entre les lignes ondoyantes figurant de façon simplifiée les plis de la robe et les rayures du chat.On sent l'influence de l'art japonais.


A partir de 1898, les Denis séjournèrent tous les étés à Perros Guirec à la villa Silencio: c'était un lieu de ressourcement pour le peintre et les siens. D'où cette scène de plage, qui met en scène des membres de la famille: sa 4e fille Madeleine, à gauche, qui s'appuie sur sa soeur aînée. On retrouve l'absence de profondeur. Le tableau n'est pas non plus réaliste, car la lumière y est plus mediterranéenne que bretonne! M.Denis avait découvert récemment l'Italie. Il prend cette liberté pour rendre l'oeuvre plus expressive. De plus, le personnage de droite est la transposition d'une copie faite au Louvre de la Vénus remettant sa sandale! C'est donc une nature réinventée pour transmettre des émotions , nous explique la guide.

Maurice Denis: l'échelle dans le feuillage 1892.
Ce tableau représente 4 femmes qui en fait n'en sont qu'une. Marthe, alors sa fiancée, y est représentée. On retrouve les formes simplifiées, les cernes. Les formes sont allongées.Les aplats de couleurs sont en nombre limité. Le feuillage est stylisé, non réaliste. Les figures semblent comme aspirées vers le haut. L'aspect décoratif est flagrant. Cette oeuvre annonce l'Art nouveau.Elle a été conçue comme décor de plafond pour un ami.

Notre guide nous présente deux panneaux d'un ensemble de 7 , narrant la légende de Saint Hubert, réalisés par Maurice Denis en 1896-1897 pour l'hôtel particulier du baron Cochin. L'artiste l'a peint à partir de croquis réalisés pendant une chasse à courre du baron.


Des visiteurs très intéressés, dirait-on.

Cela se passe un vendredi saint. Hubert a poursuivi le cerf en vain, l'animal se retourne épuisé. A ce moment une croix apparaît entre les bois du cerf et une voix retentit: "Que fais tu à chasser un jour pareil? Va plutôt prier. Hubert se convertira et deviendra le patron des chasseurs. Les sonneurs de cor sont représentés comme des anges.

Autre panneau.
Ici les chasseurs ont perdu la trace du cerf.

Les visiteurs admirent ici deux panneaux décoratifs issus d'un ensemble de 7 réalisés par Paul Ranson en 1895 pour décorer la galerie Bing à Paris (qui diffusait l'art japonais en France). Le thème: les travaux féminins à la campagne.

Ici: 3 femmes  à la récolte.

LA CHAPELLE.

En 1918, Maurice Denis entreprend la restauration de la chapelle, avec le concours de l'architecte Auguste Perret, en utilisant des matériaux modestes.Il en assurera lui-même la décoration (peintures murales, sculptures, vitraux). Cela prendra 10 ans. Elle sera vouée à Sainte Marthe, en hommage à sa femme, décédée en 1919. On peut y voir d'ailleurs le masque mortuaire de Marthe. Des cérémonies religieuses y seront célébrées: une messe anniversaire 1 fois par an notamment. Il y mariera plusieurs de ses enfants.

Vitrail principal, représentant différents épisodes de la vie de Jésus: Nativité, Cène, Christ en croix, de couleur verte, pour exprimer la souffrance.. C'est le Maurice Denis religieux qui s'exprime là.

Comme d'habitude, il insère les membres de sa famille dans la représentation. Ils sont tous là , lui compris, pour assister à la naissance du Christ !

Autre vitrail de la chapelle.Vierge à l'enfant dans le style nabi !
Maurice Denis a cherché à décorer des églises. L'Eglise, d'abord réticente au vu de son style peu classique, a accepté de nombreuses fois son offre.

Maurice Denis: le mystère catholique.1889.
Toujours l'inspiration religieuse. Une version personnelle de l'Annonciation, où l'Ange est remplacé par un diacre précédé d'enfants de choeur,groupe représentant l'église catholique, le tout dans un décor moderne. Les couleurs accentuent le caractère surnaturel, symbolisant la lumière de la Foi.

Maurice Denis : Les fiancées.1892.
C'est encore Marthe, fiancée du peintre, qui est représentée ici, 3 fois.De gauche à droite ses yeux s'ouvrent progressivement. Représentation symbolique: ouverture à la vie ? Il aurait été inspiré par Schuman.

Retour à Perros Guirec avec ce tableau représentant Marthe et Dominique, l'aîné des garçons de la famille.Le Moyen Age et le surnaturel se mêlent au réel dans ce tableau, avec au fond ces cavaliers attaquant un dragon, et l'étendard que porte l'enfant. Cela peut-être aussi une référence symbolique à la guerre de 14. Le traitement de la roche au fond fait penser à Cézanne.

Maurice Denis. Soir sur la terrasse. 1921.
Cette fois c'est Elisabeth, professeur de musique d'une des filles de Maurice Denis, fiancée à celui-ci, qui est représentée sur la terrase de la villa Silencio, en compagnie de plusieurs des enfants du peintre. Ils se marieront peu après.
En arrière plan, on a une vision sublimée de la mer (la qualité de la photo ne permet pas de l'apprécier vraiment).

On découvre ici un tableau où figure cette fois la 2e épouse de Maurice Denis, Elisabeth. Il s'en dégage une forte sensualité.

Dans cette salle a été remonté un décor de Maurice Denis réalisé à l'origine pour le château d'un commanditaire.

Les panneaux de couleur pastel, d'où se dégage une grande  douceur, représentent des jeunes filles dans différentes activités propres aux différentes saisons.

Panneau central d'un triptyque décoratif représentant la Présentation au temple et réalisé par Maurice Denis en 1898 pour l'hôtel particulier de la belle mère du baron Cochin .L'artiste revenait d'Italie et s'est inspiré ici de Fra Angelico. 

Paul Sérusier:Madame Sérusier à l'ombrelle. 1912.
Elle est représentée dans la nature bretonne.Le style est japonisant.On a l'impression qu'elle glisse dans le décor. Là encore on ne copie pas la réalité. Le peintre représente non ce qu'il voit, mais ce qu'il sent.

Ensuite la guide a présenté quelques tableaux d'élèves de Maurice Denis, dont une de ses filles.

Une belle visite, une belle découverte pour beaucoup de visiteurs.


Cette visite était effectuée dans le cadre des visites et randonnées du Hurepoix's band, un groupe privé  qui explore les trésors du Hurepoix ou parfois au delà depuis 2009.





















mardi 25 avril 2023

21/4/23 : AVRIL AU PARC DE SCEAUX : LES CERISIERS DU JAPON EN FLEURS.

 J'en entendais parler depuis longtemps, j'ai décidé d'y aller.

Des images juste pour le plaisir des yeux.






Danseuses pour la fête des cerisiers en fleurs.


















lundi 28 novembre 2022

REPORTAGE: A LA DECOUVERTE DE L'ETAMPES DE LA RENAISSANCE.

   L'office du tourisme d'Etampes organise des visites guidées de la ville sur différents thèmes. Nous avons pu ainsi bénéficier d'une découverte de l'Etampes de la Renaissance. Nous avons donc fait la connaissance de 4 hôtels particuliers datant de cette époque: l'hôtel Anne de Pisseleu, l'hôtel Diane de Poitiers, l'hôtel de ville, et l'hôtel Saint Yon.

L'hôtel de ville.

                                                La ville des favorites royales.
Etampes, à mi chemin de la route royale qui relie Paris à Orléans, appartenait au domaine royal. 
Au XVIe siècle, 3 rois successivement attribuèrent Etampes à leurs favorites. François 1er pour commencer la donne à sa favorite Anne de Pisseleu, tout en nommant le mari complaisant de celle-ci duc d'Etampes: la voilà donc devenue de ce fait duchesse d'Etampes. Dourdan et La Ferté Alais sont aussi inclus dans son domaine. Henri II devenu roi enlève le titre à Anne de Pisseleu et le donne à sa propre maîtresse Diane de Poitiers. Henri IV plus tard le donnera à sa favorite Gabrielle d'Estrées.
Néanmoins, les diverses favorites n'habiteront pas les hôtels particuliers qui portent parfois leur nom. Leurs occupants seront les receveurs des impôts qui récoltent le revenu de leur duché pour elles.
Au XVIe siècle, à Etampes comme ailleurs, on se met à construire de belles demeures avec tourelles décoratives et  larges fenêtres à meneaux, à la façade richement ornée: cela donne ici de beaux hôtels particuliers bien intégrés dans la ville.
On y donne des réceptions et  on a à son service de nombreux domestiques.
A Etampes, c'est le fait d'une haute bourgeoisie  (receveurs des impôts, riches artisans, et commerçants - il y avait de nombreuses tanneries- ou parfois rentiers, tirant leurs revenus de locations).

Place de l'Hotel de Ville, la conférence commence. La place est encombrée par le marché, cela va beaucoup gêner la prise de photos notamment, par manque de recul.

                            L'HOTEL ANNE DE PISSELEU.

 On le découvre place de l'Hotel de Ville, jouxtant celui-ci.
 L'office de tourisme l'occupe aujourd'hui.
 Il date de l'année 1530, et sa décoration est caractéristique du règne de François 1er et du style dit de Fontainebleau.
Ce nom a été attribué à l'édifice au XIXe siècle. 

L'hôtel particulier Renaissance est flanqué d'un côté d'une cour, c'est l'univers des domestiques, et de l'autre d'un jardin.

Vue de l'hôtel Anne de Pisseleu, côté jardin.
A l'origine le jardin était évidemment enclos de murs.
A l'arrière du bâtiment figure une tour d'escalier polygonale à double entrée du XVe avec un toit à poivrière (pente du toit qui s'évase).

Le côté cour: le bâtiment du fond (refait) était celui des domestiques.La cour était également fermée à l'origine.

La façade côté cour.
Le premier niveau (correspondant aux pièces de reception) est en pierre de taille et plus richement décoré. Le second niveau (correspondant aux chambres), couvert d'un enduit, est plus rustique. L'étage à l'origine comportait 4 fenêtres. Les deux du milieu ont été supprimées fin XIXe par le propriétaire d'alors, un commerçant. Les deux lucarnes sur le toit sont ornées d'armoiries.

La tourelle d'angle est ornementale: elle signale le statut social du propriétaire.

Détail de la décoration d'une fenêtre du 1er étage:
 colonnettes dégagées qui l'encadrent, petites sculptures. Caractéristique du style François 1er.
Une frise décorative court le long du toit. Les fenêtres du bas sont  plus ornées, elles sont encadrées de pilastres parcourus par'une frise décorative.

Détails de la décoration de la porte d'entrée:
3 statuettes: en haut  Venus, à gauche Cupidon, à droite Mars.
La frise représente des amours dansant.
Pourquoi ce thème de l'amour? Parce que le 1er propriétaire s'appelait Jean Lamoureux.On aimait ce type de "joke" à l'époque.

Le portrait sculpté de François 1er et d'Anne de Pisseleu figurent sur la façade. Mais c'est un ajout moderne.

François 1er.

Anne de Pisseleu, duchesse d'Etampes.
Photos:Michèle Lebedel.

Un coup d'oeil à l'intérieur:

L'intérieur (actuellement occupé par le bureau du tourisme) était à l'origine orné de fresques, et doté de plafonds à poutres apparentes ornées.

Une belle porte sculptée ornée notamment de médaillons à l'antique subsiste entre deux des pièces.

Plafond à poutres (refaites) dans une des salles.

Le sous sol était occupé par des caves voûtées.


En route pour l'hôtel de Diane de Poitiers ...

Nous quittons la place de l'Hôtel de ville et empruntons la rue Sainte Croix. En chemin, notre guide nous fait observer une maison du XVIIIe siècle.



Dans la perspective de la rue se profile aussi  une des églises d'Etampes, toutes fondées par les Rois de France.

Il s'agit de l'église Saint Basile (XIIe,XVe, XVIe s) qui était tenue par un curé, contrairement à la collegiale Notre Dame, toute proche , qui , elle, était gérée par un collège de chanoines.


                           L'HOTEL  DIANE DE POITIERS.
Il est situé au 4 rue Sainte Croix et est occupé aujourd'hui par la bibliothèque.
Il est bien difficile à photographier par manque de recul.

              Photo: Marie-Christine Lerouvillois.

Il paraït moins monumental que l'hôtel d'Anne de Pisseleu: il a l'aspect d'une grande maison encastrée entre d'autres maisons, mais se distingue de sa voisine par sa porte cochère et sa façade plus ornée. Il aurait été construit en 1550 par un certain Esprit Hattes, receveur du Domaine royal d'Etampes. Lorsque Diane de Poitiers est faite duchesse d'Etampes par Henri II à la place d'Anne de Pisseleu, les revenus du domaine lui reviendront.
A remarquer: la porte cochère est encadrée de piliers à chapiteaux corinthiens et coiffée d'un fronton triangulaire. Les fenêtres du haut sont plus ornementées que celles du bas:elles sont encadrées de pilastres cannelés , à chapiteaux corinthiens elles aussi, et surmontées d'un bandeau de rosaces finement sculpté. Enfin on remarque l'alternance typique de la Renaissance plus avancée de frontons triangulaires et circulaires au dessus de ces fenêtres du 1e étage correspondant aux chambres. Ce n'est plus le style François 1er. Deux lucarnes dépassent de la façade sur le toit.

Détail des motifs sculptés de l'encadrement des fenêtres du bas.

Lorsqu'on pénètre dans le bâtiment, on découvre de belles portes sculptées. Sur les côtés de celle-ci on peut voir les lettres  C et  H entrelacées , initiales de Catherine de Médicis et Henri II.

                             Photo: Jacqueline Mazeau.
On voit mieux ce mélange de lettres ici : un H et 2 C entrelacés, mais on pourrait y voir aussi bien le D de Diane , et la lune est le symbole de Diane...

Au delà du premier bâtiment, on débouche dans une cour, et on prend alors toute la mesure de l'ampleur de l'hôtel particulier, qui comporte en fait 3 corps de bâtiment. Au fond de la cour, on retrouve sur la facade de la partie de l'hötel où est installée la bibliothèque les mêmes caractéristiques que sur la 1e façade.

La façade du corps de bâtiment de droite comporte une porte centrale, deux fenêtres au 1er niveau et deux lucarnes dépassantes comportant deux fenêtres superposées.

La porte centrale cintrée flanquée de colonnes corinthiennes était peut-être celle d'un ancien oratoire.

Dans sa partie supérieure est figurée la scène de la Pentecôte figurant le Saint Esprit avec les apôtres. Encore un jeu sur le nom du 1er propriétaire, ou plutôt sur son prénom (il se prénommait Esprit).
Au dessous on remarque un entrelacs de figures géométriques.

Chacune des deux lucarnes est richement ornée:on observe en haut des guirlandes de fruits avec au sommet une tête d'animal. Sur les côtés deux amours tiennent une massue, et des sphinxs sont figurés aux deux extrémités.

                                                          Photo: Jacqueline Mazeau.
Au revers du premier corps de bâtiment, au dessus d'une ancienne porte condamnée, figure une décoration qui évoque du cuir découpé, motif ornemental fréquent à l'époque.

L'HOTEL DE VILLE D'ETAMPES:
Il est situé à côté de l'hôtel Anne de Pisseleu. Le manque de recul dû à la présence du marché ce jour-là empêchait de prendre une vue d'ensemble. C'est pourquoi nous recourons à une photo internet. 

Il comporte actuellement 3 ailes réunies autour d'une cour fermée par une grille. Sous Louis XII, Etampes appartenait au domaine royal, et  Claude, la fille du roi, était comtesse d'Etampes.A la demande de celle-ci, Louis XII accorde en 1517 le droit à la ville d'avoir un maire et une maison commune, un hôtel de ville. Mais il faudra attendre 1523 pour que son successeur François 1er autorise l'achat d'une maison ( le bâtiment à clochetons et poivrières situé à gauche, qui date alors du XVe siècle) pour y installer l'Hotel de ville. Un peu plus tard, l'achat est fait en plus d'une autre maison (c'est l'aile du fond, plus basse) dite de Saint Christophe, une ancienne auberge (nous sommes sur la route du pélerinage de Saint Jacques de Compostelle). L'hôtel de ville associe donc deux anciennes maisons. L'ensemble est remanié au XIXe siècle, entre 1850 et 1855, suite à un effondrement de l'édifice; il est reconstruit par l'architecte Magne, qui ajoute à droite une aile Renaissance.

 Le bâtiment de gauche était de style gothique flamboyant, il a été reconstruit au XIXe en néogothique.

L'entrée de l'hotel de Ville évoque bien le style gothique . .

                                    Photo: Jacqueline Mazeau.
Ce détail décoratif au niveau de la porte d'entrée est typique du gothique.

Vue latérale: la tour d'escalier est d'origine.

L'ancienne maison Saint Christophe (au fond) abrite le musée municipal.

Notre guide nous entraîne dans une rue voisine, où nous allons découvrir l'arrière du bâtiment...

Qu'est-ce qu'on regarde donc là?
Quel groupe attentif et motivé!

Une petite échauguette bien sûr!
L'aspect de la façade arrière est plus sobre, mais on aperçoit encore une échauguette, élément décoratif qui posait à l'origine le statut social du propriétaire.
                                

En route vers le 4e hotel Renaissance: il faut aller le chercher dans un autre quartier :

Au passage, détail d'un décor de fenêtre.

L'HOTEL SAINT YON:
on le découvre au 17, rue de la Tannerie, dans l'ancien quartier des bouchers, et des tanneries. C'est l'hôtel le plus ancien, il date de la fin du XVe s.

On remarque deux tours dissemblables, elles appartiennent à l'origine à deux hôtels différents qui ont été réunis en 1599 par un nouveau propriétaire. Au XIXe, des modifications sont intervenues, et une aile au sud a été ajoutée.L'hôtel a été restauré entre 1999 et 2002. Le jardin , à l'arrière, descend jusqu'à la rivière d'Etampes, très utilisée par les tanneries..
 Il  était habité par des officiers royaux récoltant l'impôt. L'appellation "Saint Yon" date du XVIIe- XVIIIe s, du nom de la famille propriétaire d'alors. Au XVIIIe, cétait la demeure du maire d'Etampes, et à la fin du XVIIIe cela devient une tannerie. Puis divers propriétaires se succèdent. C'est actuellement une propriété privée.

Cette partie, à gauche, est d'origine et de style Louis XII.

Détail de la riche décoration de la lucarne.

Détail des sculptures de l'arête du toit.

Nous avons poussé jusqu'à la rivière d'Etampes, qui passe derrière l'hôtel Saint Yon... 


                                                                                                                        Photo: Michele Lebedel.
                                                Sur le pont qui franchit la rivière d'Etampes
                                         
                              Photo: Jacqueline Mazeau.
Quelques canards barbotent sur la rivière d'Etampes!

                                                                                                  Photo: Michele Lebedel.
                                                               Lavoirs au bord de la rivière.

Avant de prendre la voiture, j'ai été séduit par la rivière des prés, parallèle à la rivière d'Etampes, légèrement teintée par la lumière déclinante, et qui est curieusement enserrée enter deux files d'arbres.

JM Sattonnay.

Ce reportage a été réalisé dans le cadre des sorties du Hurepoix's Band, un groupe d'amis qui visitons le Hurepoix et parfois au delà depuis 2009.